© Marie Rouge
ROSE LAMY
En 2021, alors que Rose Lamy achève son premier livre, elle s’interroge : pourquoi avoir mis sa vie sur pause et être devenue la vigie du discours sexiste dans les médias ? À la parution de son essai, cette dernière d’une fratrie de quatre filles apprend ce qu’elle a toujours su inconsciemment : son père, apprécié de tous, héros du village, mort alors qu’elle n’avait que 4 ans, n’était pas le bon père de famille pour lequel il passait. Derrière les portes closes, il y avait la jalousie, les insultes, les menaces et les violences à l’égard de sa femme. Peu de temps après, lorsque Rose déménage à Bruxelles, un détail retient son attention à la lecture de son bail : une clause l’engageant à occuper son appartement « en bon père de famille ».
Ce concept de droit civil, issu du latin (bonus pater familias), supprimé en 2014 en France, désigne le comportement d’un individu abstrait, servant de mètre étalon pour définir une norme. Le bon père de famille, c’est l’individu diligent et raisonnable : dès lors, il ne peut pas être l’auteur de violences, qui seraient la responsabilité des autres, ces monstres évoluant en dehors des règles de la société. Mais alors que les statistiques de violences intrafamiliales explosent, à qui profite ce mythe ? Tandis que la légende familiale se brise et que l’emprise de son père se dissipe, Rose décide d’explorer le déni et la légitimation des violences sexistes, ainsi que la dissonance narrative entre ce que les hommes racontent et l’expérience intime des femmes, bien souvent ensevelie sous le silence.
Dans un essai à la première personne, où intime et politique s’entremêlent habilement, l’autrice remonte à la source d’un système de domination, et démonte le mythe des bons pères de famille comme celui des monstres ; car cette dichotomie n’est-elle justement pas celle qui fait perdurer un système de violences ?
Avec ce nouveau livre, Rose Lamy achève de s’imposer comme l’une des voix incontournables du féminisme contemporain, à la force narrative impressionnante.
Table ronde : Masculinité toxique • samedi 9 mars à 16h • le cellier • accès pop pass • tout public.
Dédicaces à l’issue de la table ronde
Table ronde : Masculinité toxique • samedi 9 mars à 16h • le cellier • accès pop pass • tout public.
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Le Cellier • 4 bis rue de mars • Reims